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A propos de la genèse de l'Etat moderne / Jean-Philippe Genet
Article
La réflexion sur la genèse de l'Etat moderne est née dans les années 1970 parmi les historiens qui fréquentaient alors le séminaire de Bernard Guenée à Paris 1, nourrie par les travaux d'historiens anglais (Peter Lewis, Bruce McFarlane) et américains (Ernst Kantorowicz, Joseph Strayer, John Baldwin, Thomas Bisson). Il leur est vite apparu qu'une perspective comparatiste, pluridisciplinaire et inscrite dans la longue durée s'imposait, et qu'il fallait donc mettre en place des programmes collaboratifs internationaux: ce furent l'ATP "Genèse de l'Etat moderne" (CNRS), puis l'activité additionnelle "Les origines de l'Etat moderne en Europe, XIIIe-XVIIIe siècle" (présidée par Wim Blockmans ; Fondation Européenne de la Science) qui ont été la source de nombreuses publications de 1984 à 1998; puis, après plusieurs actions menées par le Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris 1, est venu plus récemment le programme "Signs and States" du Conseil Européen de la Recherche (2010- 2014), dont les derniers travaux sont en cours de parution ("Le pouvoir symbolique en Occident, 1300-1640", Editions de la Sorbonne, dix volumes parus). Les résultats de ces entreprises s'insèrent difficilement dans les programmes de l'enseignement secondaire, ne serait-ce que par leur inscription dans le temps long et le refus du cadre national : les actuels programmes évoquent certes "l'Etat moderne" mais dans un sens tout autre, au mieux weberien, et pour une période limitée, qui n'est ni celle de la genèse (XIII-XIVe siècles), ni celle de la principale mutation du modèle (en Etat-nation, XVIIIe - XIXe siècle). Ces résultats concernent pourtant de nombreux volets des programmes du secondaire.
Voir le numéro de la revue «Historiens et géographes, 447, 01/08/2019»
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