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Le Dilemne de Charles Quint ou comment gouverner un pays éclaté ? / Alain Hugon
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Charles Quint, héros supposé omnipotent au sommet de son pouvoir, illustre dans le roman de Simone de Beauvoir "Tous les hommes sont mortels" l'impuissance de la gouvernementalité terrestre. Paru en 1946, ce roman présente dans un des cinq épisodes historiques l'empereur comme l'incarnation d'une volonté de puissance qu'autoriserait son accumulation de possessions et de titres : empereur, roi, prince, comte, duc, et bien d'autres encore, pour une multitude de territoires composés d'un très grand nombre de sujets, Siciliens et Indiens incas, Hollandais de la Mer du Nord et Andalous du Guadalquivir, etc. Simone de Beauvoir attribue l'impuissance de la gouvernementalité de Charles Quint à l'impossibilité de faire le bonheur des hommes, même contre leur volonté. L'abdication de Charles Quint de l'Empire en 1556 donnerait raison à la philosophe d'autant que l'on ne connaît pas d'autre exemple de dirigeant ayant disposé d'autant de pouvoirs sur des espaces aussi vastes qui paradoxalement ont renoncé à l'exercice de cette puissance d'une manière volontaire, sans d'autre contrainte que celle de leur propre volonté, en dehors du cas de l'empereur romain Dioclétien, réunificateur de l'empire de 285 à 371 ap. J.C.
Voir le numéro de la revue «Historiens et géographes, 459, 01/08/2022»
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