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Présidentielle : faut-il se passer des 500 signatures ? / Renaud Février
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Pour le général de Gaulle, il fallait garantir que "seuls puissent se présenter des candidats qui en soient dignes et que les fumistes soient écartés". Dès 1962 - élection du président au suffrage universel direct -, un système de "filtrage" des candidatures à la présidentielle par le biais d'un parrainage d'élus (maires, députés, sénateurs...) a été instauré : avec 100 signatures, puis 500 à partir de 1976. Actuellement, la chasse aux parrainages bat son plein. Comme tous les cinq ans, certains candidats se gausseront de réunir rapidement leurs précieux sésames, d'autres se plaindront d'être ostracisés, voire joueront aux victimes dans les médias. Mais ce mécanisme est-il encore pertinent, alors que l'abstention à la présidentielle concerne un électeur potentiel sur cinq, parfois davantage ? Alors que, surtout, des candidats hors parti, comme Eric Zemmour ou Emmanuel Macron en son temps, jouent désormais à égalité avec les mieux établis ? De fait, le système des parrainages a de nombreux détracteurs qui pointent l'inégalité entre les candidats inscrits dans des partis, donc disposant de relais locaux, et les autres. Autre critique : l'absence totale des citoyens "ordinaires" dans le processus, ce qui altère la légitimité des candidats présents au premier tour, voire même celle de celui qui sera élu. Pour redonner de la crédibilité à la figure du chef de l'Etat, une proposition, déjà avancée en2012 par la commission Jospin de Rénovation et de Déontologie de la Vie publique, resurgit : celle d'un "parrainage citoyen", soit 150 000 parrainages de Français à récolter par les candidats. Serait-ce suffisant pour ramener les Français aux urnes ?
Voir le numéro de la revue «l' Obs, 2985, 06/01/2022»
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