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"Tre piani" de Nanni Moretti. Dans la brèche / Charlotte Garson
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Il y a longtemps déjà, au moins vingt ans, que le cinéma de Nanni Moretti s'est "aggravé" : depuis le deuil de "La Chambre du fils" (2001), nombre d'adorateurs des pseudo-alter ego colériques de ses débuts voient sa trajectoire comme un assagissement coupable. Où est le révolté qui levait la main sur sa mère, insultait une journaliste, hurlait sur l'Omar Sharif de Docteur Jivago à la télé ou traitait son auditoire de "public de merde"? Le tout premier plan de "Tre piani" donne le la d'une frontalité bourgeoise, comme par provocation : la nuit est on ne peut plus calme, une légère brise agite les frondaisons devant un immeuble peu élevé à l'architecture élégante, aux matériaux nobles, aux huisseries soignées. On est à Rome, mais on pourrait être à Milan, dans un centre-ville où un tel bâtiment n'est pas le contenant d'appartements étanches l'un à l'autre, mais une maison où l'entraide discrète et le tutoiement sont de mise, où l'espace entre deux portes du même palier tient de la courtoisie plus que de la frontière. Sommaire. Dans la brèche. Ne plus hurler : entretien avec Nanni Moretti. Nanni mosaïque.
Voir le numéro de la revue «Cahiers du cinéma, 781, 01/11/2021»
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