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"Les mots" ou les préjugés de l'enfance / Gérard Lebrun
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Quel intérêt, demandait à peu près Rousseau, aurait l'autobiographie si elle ne consistait qu'à décrire un caractère ou à faire le récit d'événements ? Et il ajoutait : en écrivant mes "Confessions", je ne prétends pas raconter mon histoire, mais plutôt donner à chacun l'occasion de connaître désormais, en même temps que soi-même, un Autre qui, parmi les autres, accepte de devenir le cadre de référence que tous pourront consulter, s'ils essaient de connaître autrui comme soi-même : tel est le projet. En outre, Rousseau assure qu'il écrit moins "l'histoire des événements de sa vie en eux-mêmes que celle de l'état de son âme, à mesure qu'ils sont arrivés". Ainsi comprise, l'autobiographie cesse d'être un "roman ingénieux" ou un divertissement de dilettante (c'est ainsi que Rousseau juge Montaigne) ; elle prend un nouveau sens.
Voir le numéro de la revue «Les Temps modernes, 700, 01/10/2018»
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