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L' Ecologie politique et la politique moderne / Bruno Karsenti
Article
L'exigence de politisation de l'écologie qui s'accuse toujours plus aujourd'hui suppose que l'on soit en mesure de conduire une critique de la politique moderne, reprise dans ses concepts fondamentaux et dans son histoire. Cette thèse, développée dans le dernier livre de Bruno Latour, "Face à Gaïa", laisse ouverte la question de savoir quel type de critique est le mieux adapté à cette fin. Cet article se propose de la traiter en suivant les lignes argumentatives de l'ouvrage et la recomposition des rapports entre science, politique et religion à laquelle il procède. Constitutifs de l'expérience de la modernité, ces rapports apparaissent différemment selon la conception des collectifs que l'on privilégie et la façon dont on appréhende leur ancrage environnemental. A la différence de B.Latour, la thèse défendue ici considère que c'est dans le cadre des "sociétés modernes", prises comme des collectifs foncièrement originaux et dotés d'une histoire déformée et méconnue par l'idéologie moderniste, que la conception de la justice proprement écologique doit nécessairement se formuler. L'enjeu de la critique requise en vue de la politisation de l'écologie est de déterminer autrement les acteurs impliqués dans la crise environnementale, en repartant des liens spécifiques que la modernité a noués entre les sociétés, des formes d'auto-compréhension que celles-ci sécrètent en se développant et des attentes de justice qui en résultent.
Voir le numéro de la revue «Annales, 72-2, 01/04/2017»
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