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Ecrire l'histoire de l'esclavage : Entre approche globale et perspective comparatiste / Paulin Ismard
Article
Peut-on considérer, à la suite de l'un de ses meilleurs spécialistes, Patrick Manning, que " le champ des études sur l'esclavage est devenu un modèle de comparatisme en histoire sociale et économique " ? Tout dépend de ce que l'on entend sous le terme de comparatisme, qui en est venu à qualifier des démarches aussi différentes dans leur méthode que variées, voire contradictoires, dans leur finalité. Depuis la fin des années 1990, l'histoire globale de l'esclavage n'a pas manqué de souligner les naïvetés épistémologiques d'une certaine tradition comparatiste, coupable d'appréhender le fait esclavagiste sous l'angle de ses institutions, et non comme un processus dynamique résultant de conditions historiques singulières. Il convient pourtant de cerner les limites d'une telle approche lorsqu'elle prétend être seule en mesure de dire ce qu'il en est de l'esclavage à travers l'histoire. Après avoir dressé un état des lieux des enjeux théoriques qui traversent l'historiographie contemporaine de l'esclavage, l'article tente de mettre en évidence ce qu'une démarche comparatiste de type " morphologique ", redéfinie dans ses échelles d'observation, ses méthodes et ses objectifs, est susceptible d'apporter à l'étude d'une société en particulier, celle d'Athènes à l'époque classique. A partir de l'examen d'une forme spécifique d'organisation du travail servile commune à de nombreuses sociétés esclavagistes - celle où un esclave attaché à l'exploitation d'une terre, d'une boutique ou d'un atelier verse une rente régulière à son maître -, il est possible de réinterroger plusieurs dimensions essentielles de l'institution esclavagiste athénienne.
Voir le numéro de la revue «Annales, 72-1, 01/01/2017»
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