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Avis des lecteurs

• De la Littérature 5/5

  Fernand Cazenave a épousé Mathilde, une jeune institutrice dont on se demande comment elle a eu la folie d'épouser ce "vieux garçon" qui vit sous la coupe de sa mère. Félicité, veuve et satisfaite de l'être, a tissé pendant un demi siècle, sa toile opaque et collante autour de ce fils quinquagénaire et entend bien empêcher sa jeune épouse de le lui ravir. Sur la photo de mariage c'est du reste sa mère que le marié enlace sous le regard dépité et morne de la jeune mariée ! Un Fernand pingre et mesquin, qui "ne sait comment on se sert d'une femme", une mère castratrice et envahissante ligués face à Mathilde, qui n'a jamais été aimée. Elle est en train de mourir de fièvre puerpérale et ni la mère, ni le fils ne se risquent à lui tenir compagnie sur son lit de souffrance. Elle mourra seule les laissant l'un face à l'autre dans un huis-clos suffocant, fait de haine et de lutte, seulement interrompu par la présence de Marie de Lados, au service de la famille depuis soixante ans. François Mauriac décrit avec une précision remarquable et dans un style percutant et désuet (récit écrit en 1923) les évolutions des états d'âme des deux protagonistes, égoïstes, méprisables, détestables, antipathiques : Fernand se met à idolâtrer son épouse alors qu'il l'a laissée mourir seule, et Félicité lutte contre cette bru qui a réussi, en mourant à accaparer son fils. Une œuvre remarquable dans laquelle la noirceur des âmes humaines s'oppose à une nature dont la beauté se déploie au fil des saisons en toute indifférence. François Mauriac est né en 1885. Romancier, essayiste et poète, il a été élu à l'Académie française en 1933 et obtenu le prix Nobel en 1952. Il est mort en 1970

  Christiane - Le 26 novembre 2024 à 11:54