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Les Alternances politiques en France, 1974-1988 / Bernard Lachaise
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En démocratie, les élections permettent l'alternance, c'est-à-dire l'accès de l'opposition au pouvoir. Aux Etats-Unis, l'alternance entre républicains et démocrates est dominante, même si elle est rarement absolue avec un président et un congrès du même parti. Au Royaume-Uni, l'alternance entre travaillistes et conservateurs est fréquente depuis 1945. Dans la monarchie parlementaire espagnole mise en place à partir de 1975, elle est réalisée dès 1982. En France, l'alternance politique sous la Ve République ne s'est produite que tardivement, à partir de 1974. Des constitutionnalistes s'interrogeaient sur la capacité du régime à survivre à une alternance qui conduirait au pouvoir une gauche qui s'était largement opposée à la constitution de 1958 et les partis totalement hostiles à la réforme de 1962 ("cartel des non") instaurant l'élection du président de la République au suffrage universel direct. Si le mot "alternance" est associé à 1981, c'est-à-dire à un complet changement politique avec une double victoire de l'opposition, un président de la République socialiste, François Mitterrand, et à l'Assemblée nationale, une majorité de gauche, il existe d'autres configurations. Ainsi, une élection présidentielle peut conduire à l'Elysée un président n'appartenant pas à la même tendance politique que son prédécesseur, comme en 1974 avec Valéry Giscard d'Estaing. C'est une "petite alternance'' ou "alternance relative". A l'occasion des élections législatives, l'arrivée à l'Assemblée nationale d'une majorité opposée au président de la République est une autre forme d'alternance qui conduit, en 1986, à une nouveauté institutionnelle, la cohabitation.
Voir le numéro de la revue «Historiens et géographes, 454, 01/05/2021»
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