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Histoire de la protection de la nature en France. La nature ordinaire, facteur d'éveil / Rémi Luglia
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Le souci d'une nature banale, commune, familière, anthropisée et souvent utilitaire a pris une part significative, mais souvent oubliée, dans l'éveil et l'élaboration d'une pensée favorable à la protection de la nature en général, dans la définition et la mise en oeuvre d'actions en ce sens, et dans les premières réalisations, du milieu du XIXe au milieu du XXe siècle. Dès l'éveil de l'idée de protéger la nature se pose la question du pourquoi. En découle rapidement une deuxième interrogation : quelle nature protéger ? Une fois celle-ci plus ou moins définie, comment assurer sa protection ? Les réponses sont variables selon les contextes temporels, spatiaux et sociétaux, mais aussi scientifiques. Les savants naturalistes qui composent la Société d'acclimatation (devenue en 1960 la SNPN) considèrent alors que la nature correspond aux espèces, aux milieux et aux paysages regardés comme " sauvages ", c'est-à-dire qui restent en dehors de l'action humaine. La représentation que l'on a communément de la SNPN est donc plutôt celle d'une association attachée au principe de réserve intégrale, à la défense des espèces menacées d'extinction et de leurs habitats, au laisser-faire la nature et à la libre évolution. Bref, les naturalistes-protecteurs qui composent cette association seraient attachés à une " nature exceptionnelle " qu'ils chercheraient à protéger en la mettant sous cloche, à l'écart des activités humaines. Cette image, un peu caricaturale, représente une part importante, réelle et effective, de la SNPN, qui remonte à la fin du XIXe siècle. Mais cela n'a pas été le seul visage, et encore moins le premier, de cette association qui a pourtant contribué de façon déterminante à l'éveil du souci de protéger la nature.
Voir le numéro de la revue «Le Courrier de la nature, ns - 2019, 01/06/2019»
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