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L' Eglise orthodoxe russe, nationalisme ou universalité ? / Anastasia Mitrofanova
Article
Le présent article se donne pour objectif de démontrer la pluralité d'opinions et d'actions politiques au sein de l'Eglise russe orthodoxe. Contrairement à une représentation répandue et relayée par les médias de l'Eglise russe uniquement comme concentration des mouvances les plus obscurantistes et conservatrices de la Russie postsoviétique, l'étude démontre un corps historique à vocation politique et géopolitique majeur, ayant du mal à trouver sa voie et sa voix. Pris en tenailles par les deux extrêmes : le nationalisme ethnique et l'universalisme déculturé, le gouvernement ecclésial se trouve dans la position délicate de devoir fédérer des évêques, des clercs et des fidèles actifs, voire militants dont les positions se substituent à celle exprimée par les organes de gouvernance et le patriarche. Par ailleurs, une autre représentation tenace se voit mise en question par la présente étude : celle d'une relation symbiotique entre l'Eglise et l'Etat. Bien que les deux soient séparés du point de vue constitutionnel, leurs rapports sont plus complexes que le donnent à voir les analyses superficielles : l'Eglise ne suit pas toujours l'action géopolitique de l'Etat (notamment dans le conflit ukrainien), l'Etat peut faire barrage à la mainmise de l'Eglise sur des questions sociétales. Dans l'ensemble, l'Eglise russe reste la proie de ses contradictions internes et externes que la présente étude met en exergue.
Voir le numéro de la revue «Hérodote, 166-167, 01/09/2017»
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