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Les Arabes, les Turcs ; si loin, si proches / Nora Seni
Article
Cet article s'attache à repérer les représentations par lesquelles, de la fin de l'Empire ottoman à aujourd'hui, la Turquie et les Turcs pensent et perçoivent le monde arabe. L'imaginaire qu'ils nourrissent à son égard varie avec les mutations du paradigme identitaire par lequel la Turquie s'autodéfinit. Ce texte précise dans un premier temps ce qu'il faut entendre par la notion de paradigme ou de matrice identitaire et montre comment ce paradigme évolue parallèlement aux relations entre l'Europe et l'Empire ottoman puis entre l'Europe et la Turquie contemporaine. L'article montre que de la distance avec l'Europe dérivent les positionnements pro-occidentaux ou pro-arabo-islamiques de l'Empire finissant et de la République turque. Dans les années qui ont suivi 2007-2008, pendant lesquelles la France de Nicolas Sarkozy et l'Allemagne d'Angela Merkel ont multiplié les déclarations déniant à la Turquie toute vocation à intégrer un jour l'UE, Recep Tayyip Erdogan, entamant une révolution culturelle sur la scène domestique, a abandonné progressivement les principes de mixité, de libertés laïques, et tenté d'inscrire la Turquie au sein d'un monde islamique-arabe dont la Turquie disputerait le leadership à l'Arabie saoudite. D'un orientalisme ottoman serait-on passé, après un siècle d'ambition occidentale, à un orientalisme turc ?
Voir le numéro de la revue «Hérodote, 160-161, 01/03/2016»
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