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Droit à la violence est-il parfois légitime ? Un dilemme noir américain (Un) / Sylvie Laurent
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L'opposition simpliste entre Martin Luther King Jr. et Malcolm X, souvent transformée en image d'Epinal, sert une lecture erronée de la lutte des Afro-Américains pour la liberté. La notoriété du prix Nobel de la Paix laisse en effet accroire que le recours à la violence et à l'autodéfense professées par Malcolm X fut une dérive circonstancielle de la stratégie des droits civiques, une radicalisation délétère liée à la fois à la mutation démographique au sein du mouvement dans les années 60 (les plus jeunes, en particulier venus des ghettos du nord n'ayant pas l'endurance toute baptiste des Noirs du sud), à l'influence idéologique de la Nation of Islam ou bien encore à la personnalité exaltée de son héraut, plus indigné et intransigeant que le bon pasteur King. En réalité, chacun d'eux s'est longuement interrogé sur la capacité de la violence et a contrario de la non-violence à susciter le changement politique et social dans le contexte d'extrême brutalité et d'oppression subies par les Noirs américains. Ne nous y trompons pas, leur dilemme fut profond et s'inscrivait dans une tradition intellectuelle ancienne de l'Amérique esclavagiste...
Voir le numéro de la revue «Diogène, 243-244, 01/07/2013»
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