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Confréries de métier et corporations à Paris, XVIIe-XVIIIe siècles / David Garrioch
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Au XVIIe siècle, les communautés de métier et leurs confréries sont en général inséparables. Elles ont souvent une administration commune, les élections ont lieu le jour de la fête du saint patron, et les fonds de la corporation paient les frais des offices religieux. Les funérailles et la célébration des fêtes religieuses font partie de la vie communautaire et de l'identité corporative. Cette inséparabilité relève d'une conception "enchantée" du monde, où la vie profane ne se distingue guère du spirituel. Cet article examine le processus de sécularisation des corporations et cherche à expliquer la fin des confréries de métier à Paris. L'action de la monarchie - en dépit de ses fondements religieux - est au coeur du processus. Afin d'extraire un maximum de revenus des corporations, le roi impose au XVIIIe siècle une séparation financière des confréries et des corporations, et limite les dépenses. Il introduit une nouvelle distinction entre les fonctions religieuses et les autres activités des métiers, qui a pour effet de séculariser les corporations. Son intention n'est nullement de s'attaquer à la religion. Au contraire, son action relève d'une nouvelle conception du monde, caractéristique de la Réforme catholique, qui cherche à protéger le sacré en le séparant du profane. Aux yeux des commissaires royaux, le travail appartient au monde séculier. Les confréries de métier n'y ont aucune place. Sujettes à une critique croissante et à une désaffection de la part d'un certain nombre de leurs membres, elles ne survivront pas à la réforme des corporations en 1776.
Voir le numéro de la revue «Revue d'histoire moderne et contemporaine, 1, 01/01/2018»
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