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  • Les Chemins de l'exclusion : essai sur les moeurs littéraires en U.R.S.S. / Lydia Tchoukovskaïa |

    Les Chemins de l'exclusion : essai sur les moeurs littéraires en U.R.S.S. / Lydia Tchoukovskaïa

    LES CHEMINS DE L'EXCLUSION - Lydia TCHOUKOVSKAÏA 4/5 Lydia Tchoukovskaïa est une auteur née en 1907 et morte en 1996 en Russie qui retrace dans cette autobiographie la procédure de mise à l'écart des écr... Voir plus Lydia Tchoukovskaïa est une auteur née en 1907 et morte en 1996 en Russie qui retrace dans cette autobiographie la procédure de mise à l'écart des écrivains considérés comme dissidents sous le régime stalinien. D'une littérature enfantine muselée en en supprimant les contes de fées et ceux du folklore russe pour éduquer les enfants dans un esprit de patriotisme soviétique, elle passe à sa dramatique exclusion de l'Union des Écrivains en 1974 , qui fait d'elle une paria n'ayant plus le droit d'être éditée, donc se retrouvant sans aucune ressource ; l'Union des Écrivains, une instance bureaucratique à laquelle vont adhérer tous ceux qui pour se préserver pendant les purges staliniennes (Chostakovitch, Bykov, Aitmatov, Kholmogorov) vont mener une lutte sans merci contre leurs confrères et dresser un réquisitoire contre ceux qui ne suivent pas la ligne idéologique en place. Lydia Tchoukovskaïa n'aura de cesse de mener son combat solitaire de dissidente notamment en soutenant A. Soljenitsyne et A. Sakharov, tout comme elle fut l'amie d'Anna Akhmatova et de Boris Pasternak. Des stylos qu'elle commande qui lui arrivent "sciés", à son nom rayé de toutes les œuvres qui peuvent y faire référence, elle passe en jugement avec "blâme avec inscription au dossier". Ses travaux sont détruits, son nom rayé de toutes les publications, sa propre existence niée. Pour ses écrits dont on interdit la parution, c'est aux familles de ceux auxquels elle fait référence qu'elle a affaire et qui lui demandent de supprimer son nom de ses travaux pour ne pas que les ouvrages soient purement et simplement détruits, vouant ainsi à l'oubli ceux dont il est question. Cette autobiographie a reçu le prix Pen club français des auteurs attachés aux valeurs de la paix, de la liberté et de tolérance qui doivent rester essentielles dans toute création littéraire. Récit simple témoignage d'une femme qui mena sa vie durant un combat pour que la liberté d'expression puisse exister et qui avec simplicité évoque son quotidien dans toutes les mesquineries voire sanctions qu'elle a subies sa vie durant car ne voulant pas abdiquer. Voir moins Christiane - Le 22 février 2025 à 09:09
  • L' épervier de Maheux / Jean Carrière |

    L' épervier de Maheux / Jean Carrière Carrière, Jean (1928-2005). Auteur

    L’épervier de Maheux 5/5 L’épervier de Maheux de Jean Carrière. Roman divisé en deux parties, la chute puis l’épervier. On est à Maheux, dans le haut pays, mais dans un coi... Voir plus L’épervier de Maheux de Jean Carrière. Roman divisé en deux parties, la chute puis l’épervier. On est à Maheux, dans le haut pays, mais dans un coin bien particulier que les gens des plateaux appellent «Le pays de travers », où vivent les protestants. Cette année là, la neige tombe en abondance fin novembre et l’hiver fut un des plus froids. A Mazel-de-Mort, la vieille Alice prédit même l’imminence de la fin du monde. On est en 1948, les lieux sont encore plus dépeuplés que d’ordinaire, résultat de trois guerres en un siècle. C’est en ce lieu abandonné des hommes et des dieux que grimpent les Reilhan, ils sont trois, Abel, l’aîné, 26 ans énorme, un ours, Joseph, et le vieux, le Taciturne. La piste est verglacée, il faut prendre une passerelle. Joseph glisse et chute dans le vide en poussant «un long cri de fille ». Abel va le ramener sur son dos, la jambe paralysée, la fièvre et pour tout traitement des compresses d’eau salées faites par la mère qui voyait déjà la mort rôder. Dehors, la tempête pendant trois jours. On trouva des congères de dix mètres d’épaisseur, la vieille Alice mourut, il fallut la garder au grenier tant la terre était durcie et les vieux prévoyaient pire à venir, la main sur la Bible. Quand le chemin de St Julien fut un peu déneigé le docteur arriva, effrayé par l’état de Joseph, heureusement il avait de la pénicilline, il le sauva mais ne pourra pas rester dans ces lieux arides et inhospitaliers, il faudra qu’il vive en ville. C’est la vie de cette famille que l’on va suivre pendant quelques années, ces gens qui survivront péniblement, sans eau courante sans électricité, de ce que la nature leur prodigue, des châtaignes, des champignons, des baies, une vie infernale pour les femmes. Et comme les hommes sont têtus, qu’ils refusent de «descendre » au village travailler, ils finiront seuls, abandonnés. Un roman admirable, qui parle du terroir comme GIONO ou Bosco l’ont si bien fait, des descriptions si vivantes que l’on souffre des malheurs des hommes et des femmes du »pays de travers ». Voir moins M. LAVEZE Gérard - Le 22 février 2025 à 08:37