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Livre
Au piano / Jean Echenoz
Edité par Minuit (Ed. de). Paris - 2003
L'histoire de Max, pianiste professionnel qui ne s'accorde aucun répit, aucun plaisir, car il se doit tout entier à son public.
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Echenoz
Au piano de Jean Echenoz Deux hommes se promènent boulevard de Courcelles à Paris, l’un se tait, il est grand, les yeux dans le vague, vide, absent, il est bien habillé, il va mourrir dans 22 jours précisément de mort violente mais bien sûr il ne le sait pas. Il s’appelle Max Delmarc, c’est un pianiste classique célèbre et réputé. L’autre est plus petit, mal vêtu, pauvrement, il sourit beaucoup, parle beaucoup et porte un chapeau. Il s’appelle Bernie et tient un rôle bien précis dans la vie de Max, il doit s’assurer que les soirs de concert il arrive à l’heure et en état de jouer ses partitions de piano car Max a un fort penchant pour l’alcool. Ce soir là, par exemple, il doit jouer le concert N2 en fa mineur op21 de Chopin et Bernie va l’accompagner jusque dans les coulisses et le pousser physiquement vers son instrument. Car Max est terrorisé par l’aspect du piano, les touches blanches lui apparaissent comme des dents menaçantes. Bernie doit donc lui éviter tout parcours qui passe par un bar, un café, bref tout ce qui vend de l’alcool, alors souvent il le traine par des jardins, des parcs, évitant ceux avec des statues de musiciens, Chopin particulièrement. Il est payé, mal, par Parisy, l’imprésario de Max, d’ailleurs il veut une augmentation, Max le soutient, car canaliser l’artiste jusqu’au Steinway est une tâche pénible. Max vit dans un duplex avec sa sœur Alice, chacun occupant un étage. À part sa sœur, les femmes sont absentes de sa vie bien qu’il pense souvent à Rose rencontrée il y a plus de trente ans et à laquelle il n’a jamais osé adresser la parole. Et puis il y a cette grande et belle femme qui habite à côté de chez lui et qui promène son chien tous les soirs, il vient juste de lui parler, deux mots pas plus, et il est déjà plein d’espoir, il va la guetter mais malheureusement, un jour où il a cru voir Rose dans le métro, en rentrant chez lui, il se fait agresser. Je ne suis pas grand amateur d’Echenoz mais il m’a bien amusé avec son pianiste stressé, un peu autiste j’imagine. C’est très drôle, un humour particulier certes et à partir de son agression, une ambiance légèrement surréaliste. Le début de ce livre m’a fait souvent penser à Modiano, cette façon de nommer les rues, les immeubles, les numéros de plaque tout en déambulant. Et comme pour Modiano, que je lis sans déplaisir, je ne sais que penser d’Echenoz, qui me paraît bien léger mais qui peut, comme Modiano jouer une petite musique envoûtante.
M. LAVEZE Gérard - Le 31 mai 2025 à 07:20